Genèse 3

             D’après Alpharos Indexius, rédacteur du Haut Collège de Théologie, ce texte paraît dans la première édition de  La théologie accessible. Il s’agit ici d’une version corrigée et révisée.

             « Ainsi A-Hod avait désormais cinq enfants pour l’assister :  Hod-Mär, Hod-Laé, Hod-Arok,  Hod-Abal et Hod-Bor.  Chacun d’eux était formidable et unique car tous recelaient une parcelle de la puissance de leur père, sans qu’aucun ne puisse l’égaler. Chacun s’émerveillait des prouesses de leur divin père qui redoublait de prodiges pour impressionner ses rejetons. Il créa alors les choses les plus incroyables qu’on ne verrait jamais dans ce monde (même si de l’avis du Bureau Intérieur, la plupart de ces créatures fabuleuses et autres merveilles auraient mieux fait de rester dans le domaine du rêve).

             Sous le regard émerveillé de leur père, les jeunes Dieux commencèrent également à façonner ce monde. Hod-Mär plongea au cœur des mers et sculpta les récifs. Hod-Laé bâtit des palais vaporeux dans le ciel. Hod-Arok ébranla la terre pour en extraire des montagnes. Hod-Abal fit jaillir la vie et peignit la terre en vert. Hod-Bor  donna au monde une force vive, source de destruction et il l’appela Feu.

             Ces travaux titanesques apportaient de grandes joies à A-Hod. Le monde développait ses richesses plus vite qu’il ne l’aurait imaginé. Il comprit vite la raison de cette effervescence : ses rejetons, à leur tour, avaient enfanté des Dieux pour les assister. En apprenant la nouvelle, A-Hod resta figé, les yeux (il en avait beaucoup) ouverts comme des soucoupes pendant quelques années durant lesquelles 2748 catastrophes naturelles s’abattirent sur le monde. »

Genèse 1

            D’après Alpharos Indexius, rédacteur du Haut Collège de Théologie, approuvé par le Département de l’Absolue Vérité du Bureau Intérieur du Conseil des Dieux (à l’exception de 228 amendements figurant en annexe).

             « Au commencement des temps, il n’y avait rien…

             Pour être exact, au commencement des temps de l’univers qui nous intéresse, il n’y avait rien. Sur la Piste des Possibles, sanctuaire suprême du Conseil des Dieux, les dés roulent sans cesse. Les Dieux aiment le jeu, A-Hod ne faisait pas exception à la règle. En tant que pure conscience, omnipotente et éternelle, jouer aux dés sur la Piste est le passe-temps. Que l’on gagne ou que l’on perd, c’est sans grande importance, s’en remettre au hasard, c’est le luxe des Dieux.

             En ce jour (zéro moins X), A-Hod sortit une combinaison unique, il rafla la baraque ! Il avait parié gros mais il gagnait plus gros encore, il pouvait monter sa boutique. Il se voyait octroyer son lopin de réalité où il pourrait créer son monde à lui. Il allait réaliser…

            A la table, les dents grincèrent. Tout un tas de jaloux mettaient en doute les compétences d’A-Hod. Parmi eux, des Dieux qui avaient eu leur chance et qui n’avaient pourtant rien fait d’extraordinaire…»