Carnets de voyages de Parvalo (dit le téméraire, très injustement d’ailleurs).
« Renvoyé de l’Université, je traîne en mauvaise compagnie…
Monde d’Arokian, Empire Umbréan, Province d’Aressie.
J’ai voyagé un temps avec mon ami Traplan, qui comme moi avait choisi d’échapper à sa condition. Il avait refusé de se plier aux diktats familiaux et de ne point rejoindre la Corporation des Perruquiers. En Arokian, refuser d’entrer dans la Corporation de son père, c’est comme le renier. Traplan avait peu d’espoir de trouver un jour, un perruquier qui accepta de le coiffer. Peu importait, car au nord de l’Umbertolie, le port de la perruque n’est pas d’usage hors des salons.
Ainsi, nous avons passé une saison en Aressie. Cette province, au nord de l’Empire Umbréan, diffère beaucoup des régions du centre. Loin de la Cité Impériale, les mœurs sont plus rustiques et un peu moins empruntés. A Schadelf, la vie est très provinciale. On sort sans uniforme de caste, et les gens s’adressent la parole sans trop se préoccuper du protocole, comme c’est le cas à Orös, Umbertol ou même Sandol. Cela me convenait tout à fait et Traplan et moi, espérions trouver ici matière à employer notre esprit d’entreprise.
En cette région, toute proche du Bord-de-Monde, on retrouve partout les traces de l’ancienne Cité d’Aressia. Si cette Cité n’est plus (du moins en Arokian, elle existerait encore en Albadrie), les superstitions liées au culte des Grands Arbres persistent au travers de nombreuses manies et rites. Par exemple, le fait qu’un arbre n’est jamais déplacé pour bâtir une maison (ce qui ne rends pas facile le travail des architectes et des maçons de Schadelf). Ou encore au travers du poids politique de la Corporation des Bûcherons. Ceux-ci ayant un prestige particulier et pratiquant des rites quasi-magiques pour se protéger des créatures habitant les Bois Antiques.
Les aressiens sont un peu plus aventureux que le commun des umbréens. C’est peut être la proximité du Bord-de-Monde et les trafics qui se trament à l’endroit où le fleuve Padonle se jette dans les Limbes, ou encore la persistance de la tradition de la « sandale ». Le port de la sandale confère aux aressiens, un statut de voyageur, il peut espérer trouver l’hospitalité et des petits emplois pour gagner sa pitance. Le porteur de sandale devant, en revanche, se conformer à une sorte de code de l’honneur, être honnête et secourable. Traplan et moi avons porté des sandales un certain temps.
Puis en chemin nous avons rencontré un certain Ukstrelf, négociant outremondien, originaire d’Albadrie, accompagné d’un individu de très petite taille répondant au nom de Cahlustair (un Lepréchaun paraît il). Ces deux gaillards, qui m’ont tout de suite paru louches, ont fait forte impression sur Traplan. Ils nous ont affranchi sur le prolifique commerce d’herbe magique d’Albadrie, et l’entreprenant Traplan a tout de suite décidé d’investir.
L’ « herbe magique », comme de trés nombreuses denrées importées du Pentavers, est prohibée en Arokian. Le fait même de passer d’un monde à l’autre est généralement interdit par les « Forces Supérieures qui résident dans les Limbes ». La contrebande de ces produits est souvent le fait de pirates des limbes sans scrupules. Les autorités de l’Arokian et de l’Empire Umbréan répriment autant que possible ces trafics. Nous avons eu l’honneur et le désagrément d’être poursuivi sans relâche par une patrouille issue d’un des nombreux corps de cavalerie qui font la fierté des forces militaire d’Aressie. Par chance, il s’agissait de quelques recrues de la Cavalerie du Sabot d’Or et non pas de Cavaliers de la Centorine, sans quoi je ne serais plus là à discourir…
